lundi 14 décembre 2009

Déambulation

Lorsque mes yeux s’ouvrent ce soir là, j’ai compris que je dérangeais. Il est 8h du matin, mes paupières sont lourdes, les tabourets sont sur le bar et le serveur essaye tant bien que mal de me réveiller. Il est temps de rentrer chez toi me dit-il. Une dernière lampée pour terminer ma bière plate et je commence à me faire à l’idée de reprendre la route. Je sais qu’elle sera longue, qu’il va falloir lutter.

Dehors, la clarté m’éblouis qu’ai je bien pu ingurgiter pour être dans cet état là et en quel quantité ? Ai-je seulement encore du sang dans mon alcool ?

Un pied puis l’autre, sans cesse il faut répéter ce geste, l’arrêter c’est s’endormir. Pas là, non pas ici, pas dans le froid !

A l’instar des autres soirs, je traine la patte. Autour de moi, quelque chose de difficilement descriptible est en train de se passer, l’effervescence du matin commence à devenir oppressante. Angoisse ! Je manque de me faire renverser par une mamy caddy, puis une autre et encore une autre ! Aux fenêtres des bookmakers quinquagénaires s’agitent et font monter les paris. La meilleur des mamys est cotée à trois contre un, la moins bonne à trois cent contre un (faut dire qu’a moins d’un abandon des autres concurrentes elle n’a pas beaucoup de chance de gagner avec son gadot). Dans la rigole un sonotone fait office de lièvre. Celui-ci est posé sur un rail qui va de la ligne de départ jusqu’à l’hyper marché du coin ! Les mamys matinales ne le lâchent pas une seule seconde des yeux.

Le magasin ouvre bientôt, la première arrivée devant les portes du super marché à gagné !

L’excitation m’envahit face à un tel spectacle. Une main se pose sur mon épaule, me surprend, un homme prononce non sans mal une phrase inaudible. Etait-il muet ou mime refoulé ? Toujours est-il que la communication verbale n’est pas son fort ! Je lui lance un casses toi et un regard sombre. Le mec poursuit sa route. Je reste alors seul avec mon acouphène.

Moi, mon acouphène et ce spectacle inqualifiable ! Je veux participer, moi aussi, je veux parier. Je retourne mes poches et par chance, enfouis dans des miettes de tabac, une pièce de deux neurones. C’est tout ce qui me reste. C’est pas grand-chose mais c’est déjà bien vu l’heure avancée.
Je fais alors signe à l’un de ces bookmakers vénaux. Il me répond qu’il est trop tard, que les paris sont clôturé, que je ferais mieux de rentrer chez moi !

C’est ce que j’ai fait. Je suis rentré. Dans la cuisine, la table dressée pendant de logues heures par mes soins m’attendait impassible avec de multiples victuailles. Je lui aie fait une tape sur le coté puis, content d’y être arrivé, je me suis assis.
Je me suis régalé !
Je me suis assoupi !

Le lendemain, mon acouphène avait migré pour se loger dans la partie supérieure de mon crâne. Livide, je me rendais chez Jules gardant pour moi cette expérience nocturne que de toutes façon il ne croirait pas.

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